Red Rocket, le nouveau film de Sean Baker, en salle le 2 février
De quoi parle le film ?
Dans Red Rocket, le nouveau film de Sean Baker, Mikey Saber revient dans sa ville natale du Texas après des années de carrière de pornstar à Los Angeles. Il n’y est pas vraiment le bienvenu…
Sans argent, sans emploi, il doit retourner vivre chez son ex-femme et sa belle-mère…
Pour payer son loyer, il reprend ses petites combines mais une rencontre va lui donner l’espoir d’un nouveau départ.
Red Rocket est-il une comédie ?
À l’heure où la sexualité masculine est à la fois remise en question et très prise au sérieux, Sean Baker a réalisé un film sur une star du porno.
L’histoire ? Mikey Saber, star ruinée du porno, revient de Los Angeles pour vivre chez sa femme et sa belle-mère au Texas.
Réticentes, elles finissent par l’accueillir mais Mikey ne peut pas s’empêcher de s’attirer des ennuis. Un jour qu’il se rend dans un restaurant à donuts, il découvre à la caisse une jeune fille de 17 ans et demi, Strawberry, dont il pourrait tirer profit…
Un scénario pas simple à filmer à l’ère du me too et du féminisme.
Sean Baker avait réalisé, si on peut le formuler ainsi, une enquête métier auprès de ces stars déchues du porno.
Après les avoir écoutés, il se sentait souvent en une position ambiguë. Ces acteurs, appelés des suitcase pimps (littéralement mac avec une valise) , vivent de l’activité de leurs femmes ou de jeunes actrices actrices de porno.
Ils sont donc souvent eux-mêmes d’anciens acteurs de porno, mais aussi leur petit ami, leur partenaire, leur mari ou leur manager.
Alors qu’ États-Unis, si la majorité est à 21 ans, hypocritement, tourner un film porno est autorisé à partir de 18 ans en Californie. Et il y a dans cet état une forte demande de jeunes acteurs et de jeunes actrices.
La majeure partie des jeunes actrices de porno venant du Texas, Sean Balker y a posé sa caméra. Les deux autres états principaux étant la Floride, où il avait déjà tourné The Florida Project (l’histoire d’une mère et sa fille au bord de l’expulsion non loin de Disney World) et l’Ohio.
Le film se déroule pendant la campagne électorale de Donald Trump dans un état que l’on appelle en anglais red state (état républicain, en opposition au blue states, où les démocrates sont majoritaires).
Son film précédent, Tangerine, tourné à Los Angeles, portait sur les travailleurs du sexe transgenres.
Le Covid et les limitations dans l’espace pour tourner lui ont donné l’occasion de réaliser ce film.
Red Rocket
Après la projection, Simon Rex, l’acteur principal, nous a raconté avoir découvert le scénario en arrivant sur le tournage. Il ne pouvait plus reculer malgré les nombreux dialogues et les nombreuses scènes de nudité.
Avec un physique à la Michael Fassbinder, et une belle gueule, Simon Rex (Mikey dans le film) a su communiquer un côté attachant à ce personnage, que n’importe qui trouverait horrible : manipulateur, puéril, lâche, menteur…
Il ferait n’importe quoi pour retrouver la gloire qu’il a perdue, ce n’est qui pas sans causer un certain nombre de catastrophes, à lui et à son entourage…
Outre sa plasticité et son jeu, c’est surtout le potentiel comique de Simon Rex (acteur des films Scary Movie et présentateur de MTV dans les années 2000) que j’ai retenu et aimé.
Dans ce film, pas de lourde back story sur laquelle s’appuyer pour jouer (vie imaginée du personnage). Simon Rex a suivi son instinct. L’improvisation a, en effet, constitué une part importante du jeu (25%) dans ce film coloré tourné à la pellicule, avec des actrices et des acteurs débutants.
La jeune actrice Suzanna Son (17 ans et demi dans le film, 25 dans la vraie vie) est magistrale en Strawberry, lycéenne vendeuse de donuts. La jeune fille, talentueuse (cette voix !) est coincée dans une ville où la pauvreté est partout. Strawberry rêve de partir, elle aussi.
Bree Elrod (la femme de Mikey dans le film) et Brenda Deiss (sa belle-mère) sont elles aussi de fabuleuses actrices.
Conclusion
Red Rocket est sans conteste un film drôle, mais bien évidemment il dérange, comme souvent les films de Sean Baker.
L’éternelle question du sort des femmes se pose. Elles sont les premières victimes de l’industrie florissante du porno, qui fait des ravages à la fois psychologiques et physiques.
Les hommes finalement s’en tirent toujours bien. Ou pas ?
En salle dès le 2 février .
Tangerine, de Sean Baker
Synopsis
À la veille de Noël, à Los Angeles, Sin-Dee, une jeune prostituée transsexuelle, récemment sortie de prison après une peine de 28 jours, apprend par sa meilleure amie que son souteneur et amant lui a été infidèle. Réagissant vivement, Sin-Dee part sans hésiter à sa poursuite à travers la ville. Dans sa quête, l’exubérante Sin-Dee sera confrontée à des situations rocambolesques et à des marginaux qui composent la sous-culture urbaine.
The Florida Project, de Sean Baker
Synopsis
Moonee a 6 ans et un sacré caractère. Lâchée en toute liberté dans un motel de la banlieue de Disney World, elle y fait les 400 coups avec sa petite bande de gamins insolents. Ses incartades ne semblent pas trop inquiéter Hally, sa très jeune mère.
En situation précaire comme tous les habitants du motel, celle-ci est en effet trop concentrée sur des plans plus ou moins honnêtes pour assurer leur quotidien…
Sean Baker
Sean Baker est né à New York, il a écrit et réalisé les films Take Out, Prince of Broadway et Starlet (lauréat du Robert Altman Spirit Award). Il est l’un des créateurs de la série Greg the Bunny (2005).