Body in Cinema

Le corps au cinéma et dans le séries au centre des récits

En 2025, En 2025, le corps au cinéma et dans les séries devient un motif central de narration. Corps contaminé (28 ans plus tard), corps désirant (Enzo), corps adolescent figé (Nous les menteurs). Ces œuvres redonnent une présence tangible au corps, à la fois politique, intime et vulnérable.

Que nous disent ces œuvres ? Que le cinéma revient au corps mis à l’épreuve. Corps contaminé (28 ans plus tard), corps en transformation (Elio), corps en rupture avec les normes sociales (Enzo, Escort Boys), corps en danger (Nous les menteurs).On assiste à un retour brutal, viscéral, ou poétique du réel charnel, dans une époque saturée d’images aseptisées. Ce que ces œuvres font : elles rendent à nouveau visible le corps comme lieu du conflit politique et intime.

Dès le 18 juin, le corps au cinéma est au coeur des récits

🎥 Elio – Pixar : corps d’extraterrestre

Sortie : 18 juin 2025 – Réalisatrice : Madeline Sharafian

Ce n’est pas un Pixar comme les autres. Dans Elio, l’espace n’est qu’un miroir, un reflet cosmique d’un trouble bien plus terrestre : celui d’un jeune garçon solitaire, doux et invisible, soudain propulsé “ambassadeur de l’humanité”. Ce renversement de rôle, l’enfant faible devient figure de pouvoir, interroge profondément l’idée de corps assigné : à une famille, à un genre, à une planète.

Madeline Sharafian signe une œuvre où le graphisme, organique et flottant, épouse les hésitations du héros. Son corps trop mou, trop doux, trop différent devient peu à peu le réceptacle d’un pouvoir nouveau : celui de dire non, de s’affirmer, d’exister. La science-fiction chez Pixar n’est plus une évasion, mais un rite de passage sensoriel, à hauteur d’enfant.

🎯 Pourquoi le voir ? Pour ce moment rare où un film d’animation américain ose faire de la douceur un outil de résistance.

🎬 Avignon – Johann Dionnet : corps et théâtre, entre mimétisme et sincérité

Sortie : 18 juin 2025 – Réalisateur : Johann Dionnet

Johann Dionnet, issu de la scène et du court métrage, signe avec Avignon une comédie romantique légère, mais traversée d’enjeux plus profonds : le corps d’acteur comme lieu de transformation sociale. Baptiste Lecaplain incarne Stéphane, comédien en galère, qui débarque au festival d’Avignon et prétend jouer dans Le Cid pour séduire. Ce mensonge révèle la tension entre théâtre populaire et art élitiste, captée par une caméra souvent portée à l’épaule, qui rend le corps des comédiens palpables et vulnérables.

Le film, lauréat à l’Alpe d’Huez (Grand Prix, Coup de cœur, Canal+), évite l’écueil du portrait glacial ou de la satire facile : il est d’abord un hommage incarné, où la fragilité physique – voix cassée, fatigue, rivalités – devient matière narrative. Pourtant, la partie comédie romantique manque de surprises, et certains quiproquos sonnent faux. Mais ce qui séduit vraiment, c’est l’énergie de la troupe, la simplicité des dialogues, et cette manière sincère de filmer la scène comme une virée collective.

🎯 Pourquoi le voir ? Parce que Avignon est une lettre d’amour au corps de l’acteur, un récit où la vérité naît du jeu — imparfait, parfois bancal, toujours vivant — et où la comédie se fait geste collectif.

🎥 28 ans plus tard – Danny Boyle : corps au cinéma contaminé, société dévastée

Sortie : 18 juin 2025 – Réalisateur : Danny Boyle

Il y a des films qui ne guérissent pas. 28 jours plus tard en faisait partie. 28 ans plus tard en est la séquelle tardive, rageuse, et nécessairement inégale. Mais Danny Boyle y revient avec un objectif clair : remettre le corps en crise au cœur de l’écran.

Dans cette Angleterre désossée, tout vibre, tremble, éclate. Le style de Boyle, caméra fébrile, lumière sale, découpage heurté, recompose une esthétique du désordre organique. Ce n’est plus le zombie comme créature, mais comme symptôme d’un monde malade. La peur n’est pas dans le monstre, mais dans le regard qu’il vous renvoie.

Le film peine parfois à renouveler ses enjeux. Mais il réussit une chose rare : rendre le spectateur physiquement mal à l’aise, rappelant que l’horreur est d’abord une sensation.

🎯 Pourquoi le voir ? Pour son énergie punk, son refus du confort, et cette manière de faire du corps une matière inflammable.

🎥 Enzo – Robin Campillo : corps social, corps désirant

Sortie : 18 juin 2025 – Réalisateur : Robin Campillo

Campillo y filme un adolescent en rupture : ni héros, ni victime. Simplement un garçon — corps à peine affirmé, mais déjà scruté, projeté, jugé.

Tout est politique. L’école, les regards, le langage du corps. Mais le miracle du film, c’est qu’il ne plaque jamais de discours. Il laisse les corps parler : les silences, les gestes esquivés, les élans brisés. Enzo devient ainsi le révélateur d’un monde adulte incapable de regarder sa propre violence.

La mise en scène, pudique, est d’une précision rare. Les plans fixes tremblent d’émotion. Le film pourrait être militant ; il est infiniment plus fort : il est incarné.

🎯 Pourquoi le voir ? Pour sa capacité à faire du cinéma un acte d’écoute.

 

Peacock – Bernhard Wenger

Une fable douce sur l’imposture sociale et la terreur d’exister en soi. Le dispositif pourrait sembler artificiel, mais Wenger le pousse jusqu’à l’absurde, dans une mise à nu aussi littérale que symbolique.

Loveable – Lilja Ingolfsdottir

Un drame intime porté par une mise en scène rigoureuse, presque clinique. L’espace domestique devient zone de tension où chaque objet, chaque silence, raconte l’effritement d’une identité féminine.

Que nous disent ces œuvres ? Que le cinéma revient au corps mis à l’épreuve. Corps contaminé (28 ans plus tard), corps en transformation (Elio), corps en rupture avec les normes sociales (Enzo, Escort Boys), corps en danger (Nous les menteurs).

On assiste à un retour brutal, viscéral, ou poétique du réel charnel, dans une époque saturée d’images aseptisées. Ce que ces œuvres font : elles rendent à nouveau visible le corps comme lieu du conflit politique et intime.

📺 Séries à voir

📺 Nous les menteurs – Prime Video : le corps en façade, l’intime en ruine

Date : 18 juin 2025 – Créatrices : Julie Plec & Carina Adly MacKenzie

À première vue, une énième série pour ados gâtés, dans une villa bourgeoise, sur une île d’été. Mais Nous les menteurs, adaptation du roman culte de E. Lockhart, opère en creux une critique sociale acide : derrière les corps lisses et les sourires figés, se cachent des silences, des drames et des mécanismes d’effacement.

Ici, le corps devient une interface sociale, une surface trompeuse. Le récit, tout en flashbacks et ruptures de ton, déconstruit progressivement cette illusion. Le corps adolescent est mis en scène comme le lieu d’une tension entre l’image attendue et l’émotion vécue — un espace de fracture.

La mise en scène reste calibrée, presque trop propre, mais le scénario tisse un trouble réel : celui d’une jeunesse coincée entre révolte et héritage toxique.

🎯 Pourquoi la voir ? Pour sa lucidité sur la violence feutrée des dominants et son regard désenchanté sur les rituels familiaux.

📺 The Truth – Canal+ / Polar+ (Israël)

Créateurs : Dror Misha’ani, Idit Avrahami, Aurit Zamir & Daphna Levin

Basée sur un fait divers célèbre (l’affaire Tair Rada), The Truth met le corps de la victime, puis le corps soumis au verdict, au centre de son récit. La tension ne naît pas d’intrigue policière, mais de l’intensité affichée de la chair face à l’institution judiciaire. Le père, le détective, le suspect : chacun porte des marques intimes du drame, visibles dans un regard, une hésitation. L’enquête devient archéologie des émotions. C’est un poème télévisuel sur le corps comme vérité violée.

 

 

📺 Pernille – Netflix (saison 5 disponible)

Créatrice : Henriette Steenstrup – Acteurs : Henriette Steenstrup, Nils Ole Oftebro

Pernille ne rompt pas avec la tradition nordique de la gravité douce : ici, c’est le corps ménagé des contraintes familiales et sociales qui attire l’attention. Assistante sociale, mère solo, fille adultère : elle forme un agrégat de servitudes corporelles, jusqu’à l’épuisement. La 5e saison intensifie cette spirale, au point que certains spectateurs avouent ressentir de la “fatigue émotionnelle” devant son sacrifice constant. Une rare série où l’empathie tourne au malaise – un miracle réaliste nordique.

📺 Querer – Arte / Movistar+

Réalisatrice : Alauda Ruiz de Azúa – Actrice : Nagore Aranburu

Avec Querer, le corps devient champ de bataille juridique et intime : Miren, femme trahie par trente ans de mariage, lance une plainte pour viols conjugaux répétés. Le corps – blessé, menti – devient preuve et enjeu. Arte le diffuse après son Grand Prix à Séries Mania.

Alauda Ruiz de Azúa ne force pas la charge : elle filme la temporalité du traumatisme, la lente ondulation des émotions, la décision judiciaire. Cette série dépasse la dénonciation : elle devient histoire du corps en tant qu’entité politique.

🎞️ Festivals : filmer le corps en 2025

À première vue, un petit festival régional. Mais à Vannes, le Ciné-Citoyen assume un positionnement rare : remettre les corps oubliés au centre des récits.Le choix des films est éloquent : harcèlement scolaire, femmes précaires, minorités sociales ou racisées… Ici, le cinéma ne se contente pas de dénoncer. Il incarne, il met en chair les luttes. On pense notamment à la présence de Virginie Efira dans une séance sur les violences invisibles, ou à Vincent Lindon dans un débat sur la classe moyenne disloquée.Thomas Bidegain, président du jury, apporte une ligne claire : celle d’un cinéma narratif, engagé, mais jamais didactique. Lui qui a écrit pour Audiard et Jacques Fieschi sait combien un regard peut raconter une époque. Ce festival, encore jeune, prouve que la politique peut passer par la mise en scène du sensible, sans renoncer à l’exigence artistique. 

🎟️ Champs-Élysées Film Festival (CEFF) – Paris (18–25 juin 2025)

À l’opposé géographique mais dans le même geste politique, le Champs-Élysées Film Festival, affirme une ligne féministe, indépendante et transgénérationnelle.

Ici, les corps au cinéma sont queer, fluides, migrants, métamorphosés. Des films comme Bottoms d’Emma Seligman ou Materialists de Celine Song déplacent les codes de la comédie romantique ou du coming-of-age pour mettre en crise les assignations identitaires. Loin du militantisme caricatural, ces récits sont drôles, esthétiquement puissants et radicalement incarnés.

Le festival ne théorise pas. Il montre, donne à voir, et cela suffit à faire naître une pensée politique. À travers ses choix, le CEFF confirme que le corps est devenu le champ de bataille des imaginaires contemporains.

 

Partager :

Twitter
Facebook

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Vous êtes ici car vous êtes amoureux du cinéma !
Suivez movieintheair.com pour tout savoir sur l’univers du cinéma et des films que vous aimez