Pourquoi cet article ?
La 14ᵉ édition du Champs‑Élysées Film Festival (17–23 juin 2025) a mis à l’honneur un cinéma indépendant et engagé à travers ses formats courts, moyens et longs, français comme américains. Projections au Publicis, au Balzac, au Mac Mahon, cette sélection valorise des univers formels et narratifs singuliers.
La clôture s’est déroulée dans une atmosphère particulière cette année, les jury officiels longs et courts métrages ayant démissionné deux jours après que le CEFF avait commencé. Cette démission fait suite au tollé déclenché par le licenciement du directeur du cinéma le Reflet Médicis à Paris, Jean-Marc Zekri et les révélations faites sur le management de la Maison Dulac par les journaux « Le Monde » et « Libération ».
Les membres du jury presse, Brigitte Baronnet (AlloCiné), Frédéric Mercier (Positif, Transfuge) et Raphaëlle Pireyre (AOC) ont décidé de rester et se sont exprimés lors de la cérémonie de clôture en faveur d’ un cinéma plus bienveillant, monde qui en manque cruellement.
L’accent cette année a donc été mis sur le Prix du Public, la création d’un nouveau Prix, celui des distributeurs, et du Jury Presse.
De belles découvertes
Pour ma part, ce festival que je couvre depuis longtemps, m’a permis de faire encore de belles découvertes : des films queers et féministes anciens et nouveaux, dont de vraies pépites, de voir des courts-métrages brillants, d’assister une Masterclass avec Celine Song passionnante et d’assister l’avant-première de son film « Materialist » (en salle le 2 juillet) lors de cette soirée de clôture.
Et bien sûr de profiter de ce roof-top à la vue imprenable, et aux musiques et animations toujours aussi entraînantes. Une belle édition. Espérons que ce festival qui fait la part belle aux personnes invisibilisées pourra continuer l’an prochain.
Voici les prix décernés.
🎥 Prix du Public
Long métrage français – ARCO (Ugo Bienvenu)
Un film d’animation poétique et futuriste.
Arco, un garçon de la planète 2932, chute dans le passé (2075) via un arc-en-ciel. Une odyssée pleine d’espoir, produite entre autres par Natalie Portman.
Long métrage américain – Familiar Touch (À feu doux) (Sarah Friedland)
Portrait intimiste explorant la mémoire, les relations et les émotions, choisi en compétition US.
Moyen métrage – Ne réveillez pas l’enfant qui dort (Kevin Aubert)
Court drame poignants sur une jeune fille, Diamant (15 ans), qui refuse les attentes conformes, flirtant entre réflexions intimes et tension familiale .
Court métrage français – Malina (Ana Blagojević)
Une plongée imagée dans l’intime et l’existentiel qui a séduit le public : mon coup de coeur.
Court métrage américain – Metal (Samuel McIntosh)
Exploration sensorielle bouleversante des émotions contemporaines, récompensée pour sa sensibilité et sa forme travaillée.
Jury Découverte
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Moyen métrage ex‑æquo : Au bain des dames (Margaux Fournier) et Ne réveillez pas l’enfant qui dort (Kevin Aubert).
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Court métrage français : Grands Garçons (Chriss Itoua).
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Court métrage américain : Trapped (Sam & David Cutler‑Kreutz).
Une sélection audacieuse révélant de jeunes cinéastes prometteurs, formellement exigeants.
Prix de la Critique
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Long métrage français – L’Engloutie (Louise Hémon) : récit alpin intense et poétique, situé en 1899, dans un village reculé noyé par la neige où une institutrice républicaine bouleverse le quotidien.
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Long métrage américain – Dreams in Nightmares (Shatara Michelle Ford) : road-movie queer psychologique avec trois femmes noires à la recherche d’une amie disparue, salué pour son originalité et son intensité.
Le prix France Télévisions
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Mention spéciale : Au bain des dames de Margaux Fournier, également salué par le jury découverte.
Focus œuvres majeures
ARCO.
Lauréat du prestigieux Cristal du long au Festival d’Annecy 2025. Ce film d’animation poétique, produit par Natalie Portman, interroge le temps, l’avant et l’après à travers une aventure pleine de tendresse et d’humanité .
Ne réveillez pas l’enfant qui dort.
Ce court sénégalo-camerounais (Wolof/French) suit Diamant, adolescente refusant d’entrer dans le moule.
Lauréat à la Berlinale 14plus, il interroge le rêve et la liberté d’être .
L’Engloutie
Première fiction de Louise Hémon, présentée à la Quinzaine des cinéastes de Cannes 2025. Ce récit à la fois enveloppé de neige et d’obscurité offre un sommet visuel et émotionnel .
Dreams in Nightmares
Récompensé par la critique, ce film rappelle la puissance d’un cinéma queer et intergénérationnel, porté par des corps noirs, des espaces en creux et des silences denses.
Le CEFF 2025 consacre des œuvres éclectiques, de l’animation au documentaire intime, de courts sensoriels à des longs-métrages majeurs. La diversité des formats et des voix, réalisatrices femmes, auteurs indépendants, identités queer ou diasporiques, confirme la vitalité et la richesse du cinéma créatif européen et américain.
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