« Dieu peut se défendre tout seul » réalisé par Isabelle Cottenceau
Synopsis
Le 7 janvier 2015, douze personnes ont été assassinées dans les locaux de Charlie Hebdo. Richard Malka, avocat de la partie civile se prépare à un procès mouvementé.
Au fil de sa plaidoirie, il retrace l’histoire de la liberté d’expression, faisant écho à la montée de l’intolérance.
Un manifeste poignant et essentiel pour la liberté et la laïcité, d’après son écrit, Le Droit d’emmerder Dieu, publié aux éditions Grasset (2021).
« Dieu peut se défendre tout seul » : Richard Malka, l’incarnation de la lutte pour la liberté d’expression et la laïcité
« Mon intuition de départ était que ce film serait un long-métrage de cinéma. Parce que parler de liberté d’expression, de Charlie Hebdo, d’islamisme radical, c’est paradoxalement devenu compliqué en France voire impossible. Son financement a été compliqué, il a fallu attendre de longs mois avant que Canal + et Ciné + deviennent partenaires de ce film permettant son éclosion. Et même si le budget final de ce documentaire est un tout petit budget pour le cinéma, nous avons pu créer le long- métrage que nous voulions, librement, sans carcan, sans format. Ce qui pour un film sur la liberté était finalement la moindre des choses. Alors merci au cinéma. »
Cette déclaration de la productrice Sophie Jeaneau pose de fait la problématique de ce sujet, si puissant qu’il dérange tout le monde et n’est projeté que dans très peu de salles.
Richard Malka : un inlassable défenseur de la liberté
Dans Dieu peut se défendre tout seul, Isabelle Cottenceau nous plonge au cœur d’un combat qui dépasse largement le cadre d’un simple procès.
À travers le portrait de Richard Malka, l’avocat emblématique de Charlie Hebdo, ce documentaire nous rappelle avec force les enjeux brûlants de notre époque : la défense de la liberté d’expression et de la laïcité, des valeurs essentielles, mais toujours menacées, dans la société française d’aujourd’hui.
Richard Malka, par son parcours et son engagement, incarne une figure moderne de la résistance intellectuelle. Depuis plus de trois décennies, il défend avec ardeur ces principes qui fondent la République.
Le documentaire retrace son rôle central lors du procès des attentats de Charlie Hebdo, un moment charnière où il a su, par sa plaidoirie, rappeler au monde entier que la liberté d’expression n’est pas négociable.
Mais le film ne se contente pas de raconter une histoire judiciaire. Il dresse le portrait d’un homme profondément engagé, dont la vie est dédiée à la protection de ce qu’il considère comme le socle de toute démocratie.
Dieu peut se défendre tout seul, au coeur des débats actuels
Isabelle Cottenceau réussit à capter la dualité de Richard Malka : l’avocat redoutable, mais aussi l’homme de convictions, souvent tiraillé entre la gravité de sa mission et l’émotion que suscitent les événements qu’il affronte.
Le processus de création a été complexe, notamment en termes de sélection des scènes et des archives, avec l’objectif de faire résonner le film à la fois sur le plan émotionnel et intellectuel.
Isabelle Cottenceau, connue pour ses documentaires sensibles et engagés, dirige ce projet avec une approche à la fois artistique et documentaire. Elle intègre des passages en studio, où Richard Malka lit sa plaidoirie, et des scènes en extérieur pour illustrer les événements contemporains.
À travers les images d’archives, les scènes de procès et les moments de réflexion intime, Dieu peut se défendre tout seul nous rappelle que ces luttes ne sont pas de l’histoire ancienne, mais bien actuelles, et plus que jamais nécessaires.
Le montage de ce documentaire très réussi nous plonge dans cette histoire de France tourmentée.
Le film évoque non seulement les attentats de Charlie Hebdo, mais aussi l’assassinat de Samuel Paty, la montée de l’extrémisme religieux, et les débats incessants sur la place de la religion dans l’espace public. La liberté d’expression et de la laïcité en France est un principe ravi aux siècles précédents à l’Église catholique.
Dieu peut se défendre tout seul, un appel à la vigilance collective
Richard Malka apparaît ainsi non seulement comme un défenseur de la loi, mais comme un gardien de la liberté, et surtout le droit de rire de Dieu, le droit et le devoir de blasphémer pour, pourquoi pas, rester sain d’esprit face aux horreurs qui nous entourent.
Son engagement, sa détermination à ne jamais céder, même lorsque le combat semble désespéré, en font une figure inspirante.
Le documentaire d’Isabelle Cottenceau, fait de nombreux témoignages, est un hommage à cet homme, mais aussi un appel à la vigilance collective. Il nous rappelle que la liberté d’expression et la laïcité ne sont pas des acquis, mais des combats quotidiens, où chaque citoyen a un rôle à jouer.
Aujourd’hui, depuis les attentats terroristes du 7 octobre perpétrés par le Hamas, il résonne d’autant plus fort avec la montée de l’islamisme radical et de l’antisémitisme en France, appuyés par une extrême gauche en quête d’électeurs.
Dieu peut se défendre tout seul est une œuvre nécessaire, un cri du cœur pour que jamais nous n’oublions l’importance de ces valeurs qui fondent notre vivre-ensemble.
À travers le parcours de Richard Malka, qu’un homme remercie pour son action avant sa plaidoirie, ce film nous invite à prendre position, à défendre avec conviction ce qui fait la force de notre démocratie.
C’est un documentaire qui, au-delà de l’émotion, suscite la réflexion et encourage à l’action. Un film puissant, essentiel, pour notre temps.
Bande-annonce
Conférence à l’Université de droit et de sciences politiques de Lille
