Faut-il voir « Baby Girl » de Halina Reijn avec Nicole Kidman, Harris Dickinson et Antonio Banderas ?
Synopsis Baby Girl
Romy, PDG prospère et admirée, a un mari et deux filles adolescentes. Elle entame une liaison avec Samuel, l’un de ses nouveaux stagiaires qu’elle a surpris dans la rue en train de dompter un chien qui était sur le point de se jeter sur elle. Elle est immédiatement attirée par son assurance, son mépris des convenances du bureau et son attitude générale de désobéissance. Au fur et à mesure que leur relation teintée de BDSM se développe, les niveaux de menace augmentent également.
« Baby Girl » : retour à la case départ ?
S’il est vrai qu’il y en a peu dans la vie (8,2 % des PDG des entreprises du classement Fortune 500 sont des femmes, selon le rapport 2021 Women CEOs in America), il en est de même à l’écran.
Seuls une dizaine de films et de séries ont mis en avant une femme PDG dans un rôle principal.
« Baby Girl » : une exploration du pouvoir et de la soumission
Pour une fois donc qu’une femme, Halina Reijn, filme une autre femme de pouvoir, on pouvait s’attendre à un regard original sur son parcours et son quotidien.
Hélas, il n’en est rien. Le fantasme de Romy, jouée par la magistrale Nicole Kidman, qui a la cinquantaine, est un fantasme on ne peut plus cliché : celui d’être soumise, mais pas à n’importe qui : à son stagiaire, jeune et beau.
Pourquoi autant de superlatifs attribués à ce film ?
Le film aborde donc deux aspects problématiques.
Le premier, lié au fantasme de soumission, qui peut paraître réducteur dans le cadre d’un personnage de femme de pouvoir.
Le deuxième réside dans la relation de pouvoir que Romy exerce sur ce jeune homme. Bien que le mot « consentement » soit mentionné plusieurs fois, il ne suffit pas de le citer pour légitimer une relation aussi complexe sur le plan éthique. À quel moment une telle dynamique peut-elle être considérée comme acceptable dans une œuvre où la différence d’âge et de statut est si marquée ?
Si un homme avait réalisé ce film aujourd’hui, on peut légitimement imaginer que les critiques auraient été bien plus sévères.
« Baby Girl » pourrait être vu comme une version plus intellectuelle de Fifty Shades of Grey, mais sans véritable érotisme. Le film se situe dans une zone floue entre esthétique et message, et renforce les stéréotypes sur la soumission féminine.
« Baby Girl » : ce que le film nous dit sur la soumission et le consentement
La réalisatrice a expliqué dans un article du New Yorker qu’elle avait regardé « Neuf semaines et 1/2 » à plusieurs reprises.
Le film d’Adrian Lyne ne prétendait pas aborder le désir féminin de manière aussi théorique, il se contentait de mettre en scène deux amants dans une histoire passionnée.
« Baby Girl » semble vouloir aller plus loin dans l’exploration psychologique, mais finit par tomber dans la caricature, notamment lors d’une scène où Romy émet un jugement moral sur ses propres désirs. Quoi de mieux alors que l’on arrive dans une ère « trumpiste » ?
Pourtant, si les maris rêvent parfois de quelque chose, c’est bien d’avoir une femme épanouie mais soumise au lit — du moins dans les clichés d’une certaine virilité banalisée, pour ne rien changer de leur quotidien.
Si vous cherchez à voir Nicole Kidman dans une scène inoubliable où elle boit du lait dans une soucoupe, alors ce film pourra vous plaire.
Mais l’actrice a récemment incarné des rôles beaucoup plus subtils, comme celui dans Expats de Lulu Wang, un récit bien plus complexe et un rôle dans lequel elle est merveilleuse, disponible sur Prime Video.
À voir cette semaine, autre que « Baby Girl »
Cette semaine, je vous conseille vivement de vous tourner vers le très beau film brésilien Je suis toujours là de Walter Salles.
Adapté du livre Ainda Estou Aqui de Marcelo Rubens Paiva, ce film revient sur la disparition de son père Rubens Paiva, député du parti travailliste brésilien, en 1971, durant la dictature militaire.
Fernanda Torres, qui joue le rôle d’Eunice, l’épouse de Rubens, a reçu le Golden Globe 2025 de la Meilleure actrice dans un film dramatique—battant Nicole Kidman pour Baby Girl et Angelina Jolie pour Maria.
Un succès symbolique, vingt ans après que sa mère, Fernanda Montenegro, a été nominée dans la même catégorie.
BANDE-ANNONCE BABY GIRL
BANDE-ANNONCE EXPATS
BANDE-ANNONCE « JE SUIS TOUJOURS LÀ »