Ce qui m’inspire ? Des moments d’écriture, d’émotions au cinéma, pour retrouver « The great hunger » (cf chronique précédente de « Burning »). Récemment plusieurs histoires m’ont émue et fait battre le coeur plus vite: Girl, First Man et Cold War.
Trois drames et une comédie,
trois films à éviter et un classique à revoir…
Des personnages motivés par le devenir-être, le rêve, l’amour et l’amitié.
Girl et First Man sont deux films magnifiques et intimistes, réalisés par deux jeunes cinéastes, Lucas Dhont, belge, né en 1991 dont c’est le premier film et Damien Chazelle, franco-américain, né en 1985.
Girl
« Girl » raconte la souffrance d’une adolescente, Lara, née homme, dont le rêve est de devenir danseuse étoile.
Lara veut être une femme à part entière, à tout prix. Elle vit avec son père, Mathias, et son petit frère de six ans Milo. Le réalisateur nous place au coeur de son quotidien. La caméra reste collée à Lara, ses angoisses, sa douleur, ses joies au point que nous avons le sentiment de la connaître et avons envie de le protéger.
Les scènes d’intimité sont magnifiées par la lumière de Frank An denDEeden.
Et Lukas Dhont a montré avec justesse et beauté la difficulté d’une identité, construite au sein d’un environnement brutal, où la perfection de l’art doit être absolue.
La prestation de l’acteur Victor Poster est prodigieuse et Cannes ne s’y est pas trompée en lui remettant La Caméra d’Or.
« First Man ».
Produit par le grand Steven Spielberg, Damien Chazelle a réussi un film à la fois intimiste et grandiose.
Neil Armstrong, le premier homme à avoir marché sur la lune n’avait jamais eu son histoire portée à l’écran.
Le jeune réalisateur s’est inspiré du livre de James R. Hansen publié en 2005. Il offre à Ryan Gosling l’un de ses plus beaux rôles, celui d’un père traumatisé par la mort de sa petite fille, plongé dans l’incommunicabilité avec sa femme et ses deux fils. Janet Shearon est jouée par la grande Claire Foy (l’actrice magistrale de The Crown) .
L’apesanteur est ressentie jusque dans les mouvements de la caméra. Damien Chazelle nous emmène lentement jusqu’au fameux jour qui aura marqué le siècle dernier.
Le thème de la parentalité, des relations entre un père et son fils abordé déjà dans Whiplash, son premier long métrage et la notion d’exploit, sont au coeur de sa jeune oeuvre cinématographique.
Whiplash: comment devient-on un musicien de jazz de génie ?
Lalaland : comment réaliser son rêve d’artiste?
First Man: comment devient-on le premier homme à avoir marché sur la lune ?
Ses réponses : Le travail, la solitude et l’opiniâtreté.
Depuis son premier film, Guy and Madeline on a Park Bench (dont certains morceaux sont très proches de Lalaland). La musique de Justin Hurwitz accompagne en beauté les films de Damien Chazelle.
« Cold War ».
Paweł Pawlikowski a réussi une des plus belles histoires d’amour filmée au cinéma, depuis le magique Phantom Thread de Paul Thomas Anderson.
Tourné en noir et blanc, sur fond de jazz et de guerre froide, la passion de Zula et de Wiktor nous donne envie de tomber amoureux.
Paweł Pawlikowski nous transmet, comme dans son film précédent Ida, des émotions liées au passé, à la mélancolie et au désespoir ainsi que l’impossibilité pour les êtres de changer.
La merveilleuse photographie en noir et blanc de Lukasz Zal, nous rappelle les images du grand photographe Josef Koudelka.
« Le Grand Bain ».
Pour un premier film (le premier réalisé seul), c’est un coup de maître. Gilles Lellouche réussit le pari difficile de raconter une histoire d’hommes dépressifs sous fond une comédie légère. L’écriture est directe et subtile, qu’il s’agisse du comique verbal ou du comique de situation.
À éviter
« Capharnaüm »
Le scénario, original au début, ne tient plus la route à la fin. La réalisation voyeuriste et complaisante ( un peu de tout : enfants exploités, des parents dans la misère, des migrants réduits en esclavage) est le summum du politiquement correct, tout en exploitant des enfants détruits.
Du réalisateur de Pierre Salavdori, lourd et long, au rythme bancal et dont j’avais adoré Les apprentis. Le seul personnage crédible est celui d’Agnès joué par Audrey Tautou.
A star is born
La plus belle adaptation de « A star is born » en 1937, réalisée par les immenses William A Wellman et Jack Conway, reste à mes yeux celle de 1954, réalisée par Georges Cukor et jouée par Judy Garland et James Mason.
La récente sortie de la comédie musicale interprétée par Bradley Cooper et Lady Gaga A star is born et réalisé par l’acteur himself manque cruellement d’épaisseur et de fluidité dans le déroulement de l’histoire.
Seules restent la voix et le talent de Lady Gaga, et la révélation au chant de Bradley Cooper.
Pour le plaisir, ci-après le lien d’une des plus belles mélodies, chantée par Judy Garland « The man That got away » et dont le timbre fait tellement penser à celui hérité par Liza Minnelli dans « New York – New York ».
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