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Bardot (2025) : la beauté, la blessure et le combat

Bardot (2025) : lumière, blessures et renaissance

Réalisation : Elora Thévenet et Alain Berliner
Production : Nicolas Bary – TimpelPictures
Durée : 1h30
Sélection : Cannes Classics 2025
Musique : Laurent Perez del Mar, Madame Monsieur, Selah Sue, Ibrahim Maalouf

La voix retrouvée

Il existe beaucoup de films sur Bardot, mais peu qui la laissent parler.
Celui-ci le fait.


Elora Thévenet et Alain Berliner ont choisi de redonner à Brigitte Bardot sa propre voix. À 90 ans, elle parle depuis sa maison de La Madrague, là où elle s’est retirée depuis un demi-siècle. Ce qu’elle dit nous touche. Elle ne cherche pas à plaire ni à se justifier. Elle se souvient.

Le documentaire repose sur une matière riche : des archives inédites, certaines prêtées par sa famille, d’autres exhumées de magazines, d’INA, de Paris Match. Ces images, souvent connues seulement par fragments, sont ici remises dans leur contexte.
Elles racontent la construction d’un mythe et son épuisement.

L’exposition permanente

Les premières séquences rappellent la frénésie médiatique des années 60 : Bardot cernée par les photographes, poursuivie, scrutée, réduite à une icône.
Le film montre ce que cette exposition constante a produit. La peur, la perte d’intimité, la lassitude.
Bardot évoque ses tentatives de suicide sans pathos.
C’est dit calmement, presque à contrecœur.
On comprend à quel point la violence des regards, des jugements, de l’époque, a marqué cette femme qui revendiquait la liberté mais qu’on enfermait dans une image.

Thévenet et Berliner filment cette contradiction sans la résoudre. Ils la laissent exister. Le résultat est souvent poignant.

Les images et leur contrechamp

Le documentaire ne se contente pas d’empiler des archives : il les met en tension avec des images animées, des fragments de dessins et de textures numériques réalisés par Gilles Pointeau.
Ces passages traduisent ce que la caméra n’a pas filmé : la peur, la solitude, les souvenirs d’enfance, l’envers des sourires.

Ce choix donne au film une respiration rare. Il transforme la biographie en espace sensible, à mi-chemin entre le souvenir et le rêve.

La musique, autre mémoire

La bande originale est essentielle.
Laurent Perez del Mar signe la partition instrumentale, tandis que Madame Monsieur, Selah Sue, Albin de la Simone et Alice on the Roof revisitent ses chansons emblématiques.
Le résultat est remarquable.

Ces réinterprétations ne cherchent pas à reproduire Bardot, mais à la faire résonner.
« Harley Davidson » devient une prière électrique.
« Bonnie and Clyde », un dialogue doux-amer.
Et « Je t’aime, moi non plus » se transforme, sous la trompette d’Ibrahim Maalouf, en un chant sans mots, presque douloureux.

Cette musique accompagne le film comme une deuxième narration : celle d’une femme à travers le son, la mémoire, la mélancolie.

De la gloire au retrait : un autre combat

La dernière partie du documentaire aborde le tournant de sa vie.
À 38 ans, Bardot quitte les plateaux, refuse de revenir, vend une partie de ses biens, et fonde sa Fondation pour la protection des animaux.
Le film montre cette rupture avec sobriété. Pas de discours militant exagéré.
On la voit simplement faire : répondre à des lettres, nourrir ses chiens, parler de la souffrance animale.

Les réalisateurs rappellent que ce choix n’était pas sans risques. Elle a été menacée, insultée, moquée.
Mais cette fois, elle tenait un sens à sa vie.

« Je m’en fous qu’on se souvienne de moi, je veux qu’on se souvienne du respect qu’on doit aux animaux. »
Cette phrase, filmée dans un plan fixe, clôt le film.
C’est sans emphase, et pourtant bouleversant.

Un regard juste

Là où d’autres films se perdent entre fascination et procès, Bardot trouve une voie médiane.

Il montre tout : les contradictions, les excès, les maladresses, mais aussi la constance, la sincérité, la solitude. Et il ne cherche pas à plaire.

La réalisatrice Elora Thévenet et Alain Berliner adoptent une mise en scène sobre. Pas de narration intrusive, pas de commentaires.
Ils laissent les images et la parole faire leur travail.
C’est ce calme qui donne au film sa force.

Un film sur le regard

En filigrane, Bardot parle moins d’une actrice que de nous : de la manière dont on regarde, consomme, détruit parfois celles qu’on admire.
L’histoire de Bardot n’est pas unique, mais elle reste exemplaire.
Ce que le film raconte, c’est la difficulté d’être libre dans un monde qui ne supporte pas la liberté féminine.

Pourquoi il faut le voir

Parce qu’il relie l’intime et le politique sans appuyer le propos.
Et parce qu’il montre qu’une icône peut être blessée et toujours debout et parce que avant le mythe, il y a une personne.

Bardot n’est pas un film parfait. Il est mieux que ça : il est honnête.
On en sort avec un mélange de tendresse et de respect.
Et cette idée simple : le cinéma peut encore réparer un peu ce qu’il a abîmé.

Fondation Brigitte Bardot

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