Un simple accident : Jafar Panahi raconte la mémoire sous la répression en Iran
Palme d’Or du Festival de Cannes 2025, Un simple accident marque une étape importante dans la carrière de Jafar Panahi, réalisateur iranien dont l’œuvre, toujours sous haute tension politique, interroge la mémoire, la justice et la résistance face à la répression.
Un film et un cinéaste indissociables
Né en 1960 à Meyaneh, Jafar Panahi s’est imposé comme une figure majeure du cinéma iranien et mondial. Issu de la Nouvelle Vague iranienne, il a su mêler réalisme social et engagement politique avec des films percutants tels que Le Ballon blanc ou Le Cercle, souvent interdits en Iran pour leur regard critique sur le régime.
Condamné en 2010 à une longue peine de prison et interdit de réalisation, Panahi n’a jamais cessé de tourner clandestinement, multipliant les œuvres dont Taxi Téhéran et Ceci n’est pas un film, véritables actes de résistance artistique. Un simple accident s’inscrit pleinement dans cette trajectoire d’un cinéma courageux et nécessaire.
L’histoire d’une confrontation pleine d’humanité et d’humour
Le récit suit Vahid, mécanicien azerbaïdjanais ancien prisonnier politique, qui croit reconnaître en Eghbal, client de son atelier, son ancien tortionnaire surnommé « La guibole ». Enlèvement, menace, vengeance : Panahi construit un thriller moral tendu, où la certitude vacille et le doute s’infiltre peu à peu.
Cette histoire de dénonciation et de trauma déjoue les semi-certitudes par petites touches, donnant naissance à un road movie aussi haletant que psychologique. La vérité se joue dans les échanges et les hésitations, jamais dans la violence explosive.
Sobriété formelle au service d’une charge morale
Un simple accident séduit par son style sobre et maîtrisé, presque minimaliste. Chaque regard, chaque silence, chaque geste, qu’il soit tendre ou chargé de tension, porte une intensité émotionnelle rare. Loin des effets grandiloquents ou spectaculaires, cette pudeur dans la mise en scène accentue la gravité d’un pays meurtri, tout en traduisant le poids profond de la mémoire et la nécessité d’une réconciliation urgente.
Un simple accident : une œuvre qui interroge
Le film invite à une méditation profonde sur la justice, la vengeance, le pardon et la responsabilité individuelle. En temps réel, Panahi décortique une société blessée où le doute, la peur et le désir de réparation se confrontent dans un jeu fragile et tendu.
Le cinéma comme acte de résistance
Dans un contexte de sévère censure et de violence politique, Jafar Panahi confirme avec ce film sa place essentielle de témoin. Son œuvre est un rare souffle artistique, à la fois engagé et subtil, qui défie la répression par la puissance de la parole et du cinéma.
Bande-annonce