Megalopolis

« Megalopolis » réalisé par Francis Ford Coppola.

Projeté en sélection officielle au Festival de Cannes 2024.

SYNOPSIS

Megalopolis est une épopée romaine dans une Amérique moderne imaginaire en pleine décadence.

La ville de New Rome doit absolument changer, ce qui crée un conflit majeur entre César Catilina, artiste de génie ayant le pouvoir d’arrêter le temps, et le maire archi-conservateur Franklyn Cicero.

Le premier rêve d’un avenir utopique idéal alors que le second reste très attaché à un statu quo régressif protecteur de la cupidité, des privilèges et des milices privées.

La fille du maire et jet-setteuse Julia Cicero, amoureuse de César Catilina, est tiraillée entre les deux hommes et devra découvrir ce qui lui semble le meilleur pour l’avenir de l’humanité.

CRITIQUE

La déception est proportionnelle à l’attente que nous en avions.

Francis Ford Coppola est connu pour la trilogie du Parrain,  Apocalypse Now, Outsiders, Dracula, Tetro, Twix…

Les membres de sa famille, Roman, son fils, sa soeur Talia Shire, Sofia Coppola, sa fille, ses neveux Nicolas Cage et Jason Schwartzman nous ont aussi accompagnés, sur le petit comme le grand écran.

Les débuts du projet

Francis Ford Coppola a commencé à développer Megalopolis au début des années 1980.

L’intrigue s’inspire de sa découverte de la Conjuration de Catilina dont les événements ont eu lieu en 63 avant Jésus-Christ : un noble romain, Lucius Segius Catilina, projetait de renverser la République de Rome. Si son projet de coup d’État avait abouti, il aurait chassé du pouvoir la caste dirigeante et effacé l’endettement des classes inférieures – et le sien propre par la même occasion. 

En 2019, il annonce préparer un projet de longue date intitulé Megalopolis, tenant de la science-fiction et du conte philosophique.
Le film, que Coppola finance lui-même et dont le budget est considérable, est lancé en 2024 lors de la compétition pour la Palme d’or au Festival de Cannes, ce qui marque le retour de Coppola en compétition quarante-cinq ans après Apocalypse Now. 

À 85 ans,  le réalisateur souhaitait tourner Megalopolis avant de mourir.

Et il s’est fait plaisir. Le budget du film est de 120 millions de dollars, qu’il a financé seul en hypothéquant une partie de ses vignes.

Ré-Inventer New York

Francis Ford Coppola déclare dans le dossier de presse :

« Quand on va à New York, on ne peut qu’être frappé par l’influence de l’architecture romaine. Mon intention était donc d’écrire une épopée romaine située dans un New York contemporain qui a cherché à reproduire la Rome antique » je me suis intéressé à un événement connu sous le nom de « Conjuration de Catilina», en partant du principe que l’Amérique contemporaine était l’équivalent actuel de la Rome antique et que la Conjuration de Catilina, telle qu’elle est racontée par l’historien Salluste, pourrait se dérouler aux États-Unis de nos jours – tout comme l’intrigue d’Au cœur des ténèbres de Joseph Conrad avait été transposée dans le contexte de la guerre du Vietnam dans Apolcalypse Now. »

Quid de l’histoire ?

Très beau, beaucoup trop long (2h28), Megalopolis raconte l’histoire d’un inventeur idéaliste, Cesar Catalina joué par Adam Driver qui souhaite changer le monde grâce à l’intelligence artificielle.

La première scène est celle de Cesar Catalina qui arrête le temps. Magique, nous attendons alors la suite. 

Mais le film est un déluge de plans, très beaux certes où tous les arts sont représentés, bande-dessinée, danse, musique, chants. Et nous sommes submergés.

Le spectateur.ice fait une overdose de couleurs, de cris, de décors différents toutes les trente secondes et de personnages stupides auxquels on ne parvient pas à s’attacher.

Quid des personnages ?

Francis Ford Coppola aime t-il les personnages qu’il met en scène ?

C’est une vraie question car même si on adore « Le Parrain » ou « Apocalypse Now », ses personnages principaux nous révulsent souvent.

Dans « Megalopolis » , les acteurices passent leur temps à s’invectiver, les musiques sont fortes, les va-et-vient entre les personnages sont incompréhensibles. Les personnages agissent sans que l’on comprenne leur motivation.

Les femmes ne servent que de faire valoir aux rôles masculins, là encore (lire la critique de Oh Canada), le film ne passe pas le test de Beschdel.

Un film hors-norme

Megalopolis aurait pu être réalisé sans respecter les codes du cinéma et être réussi. C’est l’argument du réalisateur contre ses détracteurs : il faut aimer les films atypiques.

Malgré son ambition, le film s’effondre par manque de contenu.

Il est évident que l’argent dépensé se voit. Et c’est peut-être cela le problème. Les budgets démesurés ne font pas forcément les meilleurs films (cf Avatar 2, les Marvel, ou les récents Star Wars). Megalopolis s’effondre par manque de chair.

Dans un style mi-peplum, mi film de science-fiction, les personnages font beaucoup de bruit pour rien.

Francis Ford Coppola nous met en garde contre l’intelligence artificielle, le réchauffement climatique et la montée du fascisme. Ces thématiques auraient mérité plus de fond. Le fait de voir des gens pauvres écrasés contre une grille ne suffit pas à nous interpeller.

L’Apocalypse now est sous nos yeux. Réveillons-nous semble t-il nous dire.

Idéaliste, Francis Ford Coppola croit en la bonté humaine. Hélas, son film est froid et malgré la qualité du casting ne dégage aucune émotion.

Le réalisateur s’est fait plaisir. Point.

En savoir plus sur le Festival de Cannes

Pas de date de distribution, ni en France, ni à l’étranger.

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