Promis le ciel film

Film Promis le ciel : chronique d’un exil au féminin à Cannes 2025

Promis le ciel : une chronique lumineuse mais désordonnée de l’exil au féminin

Promis le ciel film : chronique d’un exil au féminin à Cannes 2025

Dès les premières images du film Promis le ciel, on est frappé par la douceur de la lumière. Signée Frida Marzouk, directrice photo passée par Kechiche et Lina Soualem, l’image baigne dans une clarté presque irréelle. C’est beau, souvent bouleversant. Mais derrière cette beauté plastique, le film Promis le ciel peine à se structurer. Présenté en ouverture d’Un Certain Regard à Cannes 2025, ce deuxième long métrage d’Erige Sehiri, après Sous les figues, mêle portraits de femmes migrantes et éclats de vie suspendus. Le résultat séduit mais laisse parfois le spectateur à distance.

Trois femmes subsahariennes vivent sous le même toit, en périphérie de Tunis. Marie, pasteure ivoirienne (Aïssa Maïga) ; Jolie, étudiante concentrée sur ses études (Laetitia Ky) ; et Naney, mère célibataire sans papiers (Debora Lobe Naney). Leur quotidien bascule lorsqu’elles recueillent Kenza, une fillette rescapée d’un naufrage. Cette cohabitation fragile se transforme en cellule familiale improvisée, où se croisent solidarité, tensions, et solitude. Le film Promis le ciel capte ces moments, sans pathos ni surjeu, dans une approche quasi documentaire.

Une narration fragmentée

Mais rapidement, le film se délite. Chaque personnage semble porter une histoire forte, mais aucune ne trouve son plein développement. Tout est amorcé, jamais achevé. Kenza, au centre de cette recomposition familiale, reste floue. Son rôle dans la dynamique du trio ne se précise jamais vraiment. Le film s’éparpille, comme ses héroïnes. On assiste à une série de scènes touchantes, parfois puissantes, mais jamais vraiment reliées. Le spectateur flotte, entraîné par ces bribes sans ancrage.

Une actrice révélée : Debora Lobe Naney

Le cœur battant du film Promis le ciel, c’est elle : Debora Lobe Naney. Sa présence irradie l’écran. Elle incarne une femme à la fois fragile et résolue, drôle et lasse, bouleversante sans jamais chercher à l’être. Une scène d’anniversaire, improvisée, résume toute sa trajectoire : celle d’une femme oubliée, qui ose attendre un geste. Le naturel de son jeu, sa capacité à habiter le silence, en font une révélation évidente. La caméra ne la quitte pas. Et c’est tant mieux.

Une mise en scène sobre, mais pas toujours fluide

Erige Sehiri poursuit ici sa démarche documentaire : filmer à hauteur d’humain, capter l’intime. Elle refuse le spectaculaire, choisit les silences, les gestes, les creux. La photographie de Frida Marzouk donne au film sa douceur visuelle, presque irréelle. Le montage de Nadia Ben Rachid tente de faire tenir ensemble ces fragments, mais l’ensemble reste déséquilibré. Certaines séquences s’étirent sans nécessité, d’autres sont à peine amorcées. Le film Promis le ciel manque d’un souffle narratif continu.

Un contexte politique en toile de fond

Le film n’a pas été conçu comme une réponse aux politiques anti-migrants tunisiennes récentes, mais la réalité a rattrapé la fiction. Dans un pays où les Subsahariens sont de plus en plus stigmatisés, Promis le ciel film pose un regard juste sur l’exil intérieur. Le film montre sans commenter, préfère suggérer à dénoncer. Cela fait sa force, mais aussi sa limite. On aurait aimé plus d’incarnation, plus de conflits explicites. Par moments, l’urgence du sujet se dissout dans la retenue.

Un film nécessaire mais inégal

Il y a de très beaux moments dans Promis le ciel film : la relation entre Marie et Noa, son conseiller aveugle ; les rituels de la petite communauté ; les regards échangés dans la cuisine. Mais ce sont des éclats. Ils ne suffisent pas à construire une narration solide. Le film touche, mais n’enlace pas. Il effleure, mais ne serre jamais.

Promis le ciel film reste un geste fort de cinéma. Il marque l’émergence d’un regard féminin et maghrébin sur l’Afrique subsaharienne. Il révèle une actrice, affirme une réalisatrice, et éclaire une réalité trop peu montrée. Mais son impact est freiné par une narration flottante. C’est une promesse. Pas encore une révélation.

Bande-annonce

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